No stress au Cap-Vert

Le Cap-Vert est un archipel constitué de 10 îles perdues au milieu de l’Atlantique, à plus de 500 kilomètres des côtes sénégalaises. C’est un pays à part entière, après avoir été colonie portugaise, dont le peuple est né du métissage des colons portugais et des esclaves capturés sur les côtes africaines, qui forme une culture unique, une personnalité forte, au carrefour de multiples influences. On y parle portugais et créole.
Le Cap-Vert fut le point de passage de nombreux explorateurs d’hier et d’aujourd’hui. Vasco de Gama, en route vers les Indes par le Cap de Bonne-Espérance, Christophe Colomb y a fait escale pendant son troisième voyage qui allait lui permettre de découvrir le Brésil, Magellan lors de l’un de ses voyages autour du monde, Charles Darwin, en direction de l’Amérique du Sud.. Mais aussi, bien plus tard, les pionniers de l’Aérospatiale qui s’arrêtaient à Praia avant le grand saut vers les Amériques, dont la base est encore là, abandonnée mais où l’âme de Mermoz rôde toujours.
L’archipel se divise en deux groupes d’îles réparties sur deux axes suivant leur position face aux alizés. Les iles du vent (Ilhas de Barlavento) et les iles sous le vent (Ilhas de Sotavento).

Nous ne pourrons, malheureusement, ne découvrir que les îles du vent, un passage aux îles sous le vent nous emmenant trop au sud pour la suite de notre programme, qui vous allez le découvrir, change encore !

Sao Vicente, « l’île des arts », île découverte le jour de la Saint-Vincent le 22 janvier 1462


« Celui qui ne connaît pas Mindelo ne connaît pas le Cap-vert », selon Manuel d’Novas, musicien et compositeur

Comme indiqué sur notre dernier post, nous arrivons de Ténérife à Mindelo, capitale de Sao Vicente, lieu de naissance de la « diva aux pieds nus », Cesaria Evora, reine de la morna. Ici, elle est partout, y compris sur les murs…

Ses chansons nous accompagnent dans tous les lieux, y compris dans la moindre petite boutique.
Elle est également reprise par nombre d’artistes se produisant du jeudi soir au dimanche soir, dans les bars, restaurants, placettes… Tout y est festif, comme partout, d’ailleurs, au Cap-Vert.

Notre lieu de ralliement : le jazz bird. Ecoutez cette version, elle est magnifique !

Les jours passent comme le temps : nous nous laisserions bien aller, entre découverte de la ville,


couchers de soleil…


Et la nuit festive !

Et rencontre avec les copains bateau, que nous continuons à croiser, recroiser, tels que Yannick et Claude, rencontrés à Las Palmas en avril, ou Malou, que nous reverrons à Boa Vista avant son départ vers les Antilles.


Une fameuse randonnée nous attire au sud de l’île, à Sao Pedro. On nous recommande de nous y rendre en aluger (taxi collectif qui s’arrête partout où les bras se lèvent) pour des trajets très peu chers, de déjeuner chez Thérèse (bon on ne la trouvera qu’en demandant car elle n’a pas de devanture),

et, en suivant la plage constellée de tortues,

puis le chemin creusé dans la falaise, aller jusqu’au phare.
Magnifique sentier. Nous rencontrerons le gardien à contresens, avec un gros bidon vide, en partance pour le village pour aller chercher son eau. Le retour doit être bien difficile…

Mais il nous faut partir pour découvrir les autres iles. D’autant que le port de Mindelo va être très rempli avec l’arrivée des voiliers de l’Arc, qui transatent tous ensemble vers les Antilles. Sauve qui peut pour nous qui sommes friands de tranquillité. 

Direction donc Sal ou Boa Vista, là où les vents nous porteront. Nous partons pour plus de 24h de navigation. Ça ne nous fait même plus peur ! 

Et ce sera… Boa Vista ! Le capitaine me dit qu’il est plus confortable de faire route pour cette île que pour Sal, plus au nord. Alors, qu’à cela ne tienne ! 

Boa Vista, « belle vue » en portugais, ou « la saharienne »

L’île, la plus proche du continent, est encore très préservée et sauvage. Son paysage est minéral avec de grandes dunes de sables et une mer d’un bleu caraïbe bordée par des plages au sable fin et nacré, où se reproduisent chaque année les tortues de mer. 

C’est un coup de cœur ! Nous nous installons, dans un premier temps, au port avec les pêcheurs auxquels nous donnons du matériel de pêche ou des bouts usés pour nous. Quel bonheur de voir leur sourire éblouissant ! 

En quête de gardien pour l’annexe, nous faisons connaissance de Nanauka, le charpentier-menuisier de l’île. Qu’à cela le tienne, le capitaine lui donne 3 petits travaux à faire pour une fort modeste somme. Il parle un peu français et est enchanté de nous garder en même temps l’annexe. Il nous présentera également son épouse. 

Nous découvrons Sal Rei, capitale de l’île. Peu de route asphaltées, une population pauvre mais qui ne meurt pas de faim. Et très souriante ! Beaucoup de sénégalais qui tiennent les commerces de tourisme et beaucoup de chinois qui tiennent les petites surfaces, comme à Sal d’ailleurs. 

Nous ferons deux randonnées dont une d’une vingtaine de kilomètres, la dernière partie se faisant tout  au long de la plage. 

Cette première randonnée nous mènera tout près de l’aéroport à Rabil, en passant par le stade, puis l’ancienne route transformée en chemin habité par des criquets à double ailes

et de tout plein d’araignées !

Nous arrivons à la très jolie ville de Rabil, où nous trouverons une table fort sympathique grâce à une habitante fort sympathique rencontrée dans une épicerie.

Le retour de cette randonnée nous mènera tout au long de plages, sur une dizaine de kilomètres ! Exceptionnel !

La seconde, très courte, nous mènera via la Praia de Fátima à la chapelle abandonnée de notre Dame de Fatima surplombant la côte accidentée nord ouest et les falaises près de Sal Rei.

Enfin, l’incontournable :

Louer un petit 4×4 pour faire le tour de l’île. Nous nous y reprendrons à 3 reprises, l’agence la moins chère n’ayant que très peu de véhicules (Morena Travel Tél. +238 992 48 72 – ils parlent français / 45€ la journée).  

Carte de notre parcours

Nous voici partis vers le sud pour le, Deserto de Viana. Après une partie sur une route asphaltée allant jusqu’à l’aéroport, nous empruntons la piste que nous quitterons une soixantaine de kilomètres plus loin. Le plan est utile mais le GPS indispensable, la piste se divisant régulièrement ou étant coupée par des ruptures de terrain. Les paysages sont splendides et différents au fil des kilomètres.

Nous regrettons le ciel bleu sur les plages désertes du sud ouest.

Ces plages sont des sanctuaires pour les tortues. Certaines sont répertoriées avant leur départ pour d’autres mers.

Après les tortues, la culture. Je vous laisse découvrir quelles sont ces arbres…

Et le puits qui va avec !

Les paysages sont différents au gré des pistes. Mais nous sommes heureux de retrouver la route à Fundo das Figueras

où nous déjeunerons chez Tina, « la » table de la région.

En route pour notre dernière destination,

l’épave d’un navire espagnol qui s’est échoué en 1968 sur la côte septentrionale de l’île. La silhouette massive de son épave rouillée est à quelques dizaines de mètres de la plage. Il s’agit du Cabo Santa Maria, un cargo espagnol, construit en 1957. Il mesure 126,6 m de long, 17,2 m de large et 8,4 m de haut, et jauge 4 972 tonneaux.

Cabo Santa Maria

Pendant l’été 1968, le navire est en route pour le Brésil et l’Argentine. Son commandant est un marin d’expérience nommé Fernando De Solis. 38 membres d’équipages et 5 passagers sont à bord. Dans sa cargaison, quatre cloches fondues pour la nouvelle cathédrale de Brasilia, de la nourriture, des voitures de sport, des alcools, des vêtements, et — dit-on aussi — de cadeaux que le dictateur espagnol Franco expédie à ceux qui l’ont soutenu durant la crise économique espagnole.
Au premières heures du 1er septembre 1968, pris dans une tempête, il s’échoue aux abords de l’île de Boa Vista. Un remorqueur envoyé de l’île principale de São Vicente échoue à le déloger, et l’équipage est évacué sans encombre, le naufrage s’étant produit au voisinage immédiat du rivage.
Pendant près d’un an, la population de l’île s’emploie à débarquer la cargaison de l’épave. Elle nourrira les îliens, qui font alors face à une disette. Les cloches sont repérées en haut profonde au large en 1971.
En 2019, son épave rouillée est toujours très largement visible, à quelques dizaines de mètres de la praia (plage) de Atalanta

Après cette magnifique journée, nous terminons la piste et rejoignons Maverick 2.

Nous quitterons dès le jour suivant le mouillage au port pour le mouillage dans la baie, face aux splendides plages, en passant tout près de ce bateau corsaire. L’emplacement est magnifique mais bien plus loin de la rive, entre courants, vagues et … épave !

Pour le plaisir, quelques couchers de soleil…

Avant le prochain départ pour Sal, petite soirée rugby France/Nouvelle Zélande. Nous dormirons dans le seul hôtel en ville ayant une télévision avec vue sur Maverick 2 !

Petite visite du musée de la ville, en passant devant l’école !

Petite adresse pour le café à retenir si vous séjournez à Boa Vista, le Sodade, ancienne maison coloniale, magnifiquement rénovée, le petit musée marin à visiter et l’école. Trop mignon !

Petite navigation vers l’ile de Sal où nous croiserons avec bonheur un ban de dauphins. Impossible d’être blasés !

Ile de Sal

Autrefois surnommée Lhana (plaine) à cause de son relief, c’est une île plate de 216 km² qui s’étend du nord au sud sur 30 km et d’est en ouest sur 12 km. Les points les plus élevés sont le Monte Grande avec 406 m et le Monte Leste, haut de 263 m. Le paysage est nu, aride et sec, bordé par de magnifiques plages de sable fin et doré. Cette île, pourtant découverte en 1460, a été l’une des dernières peuplées. Au XIXe siècle, les premiers habitants, originaires de São Nicolau et de Boa Vista, s’y établissent avec le début de l’extraction du sel en 1830, dont l’île tient son nom d’ailleurs. Le sel est exporté pendant plus d’un siècle jusque dans les années 1940. C’est à cette époque que les Italiens (de Mussolini) s’installent dans l’île en créant l’aéroport qui, aujourd’hui, est international, l’aéroport Amilcar Cabral. Sal connaît, grâce à l’aéroport, un développement qui ralentit la vague d’émigration de ses habitants. Les 10 000 habitants se répartissent entre Santa Maria située à l’extrémité sud de l’île et Espargos, la capitale, située au centre à proximité de l’aéroport.

Nous ferons un bref passage sur cette ile mais nous devrions y revenir lors de notre prochain départ pour l’Afrique.

Nous n’aurons visiter que la mine de sel. Mais quelle visite !

L’île de Sal doit son nom à Pedra de Lume. En 1833, c’est ici que le capitaine Manuel Martins débute l’exploitation du sel dans un cratère volcanique. Avec un sol installé à 7 mètres sous le niveau de la mer, le cratère regorge de quantités de sel impressionnantes ! Pour faciliter l’entrée et simplifier l’extraction de sel, un tunnel est ensuite foré.

A cette époque, ce sont les animaux qui charrient la production. En parallèle, un système de treuils et de poulies facilite l’acheminement de la cargaison de sel vers le port marchand de Pedra de Lume sur plus de 1100 mètres de long. Grâce à une industrie florissante, le village dispose alors d’un hôpital, de baraquements pour les ouvriers ainsi que d’une raffinerie pour traiter le sel extrait des salines. La production est ensuite convoyée à l’étranger par bateau.

La société française des Salins du Midi prend ensuite le relais de l’exploitation jusqu’en 1975, date de l’indépendance du Cap-Vert. Pendant cette période, Pedra de Lume est une véritable enclave française en terre portugaise, avec sa propre monnaie. Le sel est expédié principalement vers l’Europe et l’Amérique du Sud puis vers l’Afrique.

Après 1975, le site devient propriété de l’état capverdien. Il est ensuite revendu à un investisseur italien, le gérant actuel. Ce dernier décide de parier sur le tourisme : il souhaite rendre le site accessible au public, même si une petite production de sel est toujours extraite des salines. Aujourd’hui, c’est surtout pour les paysages grandioses et la possibilité de se baigner dans une eau fortement salée que les touristes viennent visiter les salines de Pedra Lume. Incroyable ! Nous avons l’impression de nous baigner dans la Mer Morte. Nous flottons littéralement !

Message du capitaine :

Improbable rencontre

Incroyable ! Au cap Vert, sur un chemin de visite parcouru en sens inverse du parcours, tu croises un couple. Tu croises le regard de la femme et là, çà tilte des deux côtés : C’est une amie, épouse d’un de tes meilleurs amis de jeunesse ! Grosse émotion de se retrouver, tellement improbable ! Et on se retrouve comme si on s’était quitté hier. Pourtant çà fait 25 ans ! Du coup, on décide de passer la journée ensemble, tant à se raconter. Isa se découvre énormément de points communs avec Coco, organisatrice de voyage régulière du couple. La journée se finira sur le bateau évidemment. Impossible pour nous de différer notre départ, cause météo… Mais le contact est repris, les RS ont du bon. Journée incroyable en tout cas, magique et émouvante !

Un bon bain de boue, rinçage dans l’eau de mer, puis sous la douche ! çà vaut tous les instituts de beauté !

On ne peut que terminer sur Maverick 2 !

Après cette journée forte en émotions, nous voilà partis, comme prévu, à 18h00, pour arriver à Tarrafal, à San Nicolau vers 7h00, au petit jour.

Pour apprécier au mieux, il ne faut pas tout découvrir d’un coup. Et le wifi étant de plus en plus rare, il m’est difficile d’être totalement à jour de mes publications. Mais promis, le prochain article arrive dans la semaine !

Et belle et heureuse année 2022 !

3 commentaires sur « No stress au Cap-Vert »

    1. Merci à vous. Le cap vert est une magnifique destination. On pourrait y rester plusieurs mois… Mais il y a encore tant de pays à découvrir… Le voyage, c’est que du bonheur que nous ne pouvons que vous souhaiter ! 😊😘

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  1. Merci de nous faire vivre vos découvertes et paysages magnifiques. A travers vos descriptions et commentaires nous percevons vos émotions et votre bonheur que nous partageons totalement. Vous donnez une formidable envie de parcourir ces iles. Merci de nous les faire découvrir et vivre.
    Votre bonheur déborde de ces reportages, mis bout à bout, ils vont devenir un magnifique souvenir en librairie…. Continuez à nous faire rêver….

    Geneviève et Roger.

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